2011 mai 26

Une fable

Je vous demande pardon, Monsieur Jean de La Fontaine, d'avoir osé commettre ce que vous appeliez une fable. Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite...

L’autruche et le dindon

Sire dindon, disait-on, s’adonnait au labeur,
Intransigeant, bosseur, y mettant tout son cœur,
Dans ce commerce ardu qui produisait son beurre,
Fier de son existence sans excès ni faveur,
Malgré son pas rapide, son chemin poursuivant,
Il rencontra, un jour, un curieux voyageur,
Une autruche ! Étonné, se voulant bienfaisant,
Il s’adressa à elle d’un ton louangeur,
Surprise et ne sachant que répondre, l’autruche,
Lui fit les yeux doux et le regard langoureux,
Elle dissimula bien son côté plutôt cruche,
Que sire dindon conquit, en tomba amoureux,
L’idylle était si belle, si tendre et si parfaite,
Que pour meilleur et pire, un beau jour, ils s’unirent,
Devant monsieur le Maire qui apposa son sceau,
Tant on pouvait y croire, l’histoire était parfaite,
Nul n’aurait pu penser que cette douce nymphette,
Avait bien fait calcul que ce dindon de sot,
Représenterait, pour elle, une belle assurance,
Pour des jours moins joyeux, quand tournerait la chance,
Un fâcheux accident figea bien le dindon,
Six mois après, l’autruche bien vite insatisfaite,
Laissa donc à l’abandon l’inutile dindon,
Nonobstant son amour, brilla d’indifférence,
Pour espérer ailleurs trouver meilleure fortune,
Absolument toute circonstance fut opportune,
Y compris du dindon démunir de ses plumes,
Sans jamais éprouver un semblant d’amertume,
Laissant sire dindon à ses tristesse et crève-cœur,
Alors, hélas, l’autruche pour sire dindon punir,
D’avoir saisi l’autorité de l’injustice,
Lui montra alors sa véritable envergure,
Réinventa l’histoire et l’ornât d’artifices,
Sire dindon ne put en aucun cas parvenir,
De ce coup de théâtre rétablir vraie figure,
Raison lui fut donnée suite à menée factice.

Morale de cette histoire : dindons, méfiez-vous des autruches, si vous ne voulez pas êtres de la farce de dindon !